vendredi 22 mai 2009

CETTE FAÇON DE DEVENIR FOLLE

Toutes les portes de l’appartement sont mortes. Toutes les portes, les pièces, robinets, évier et douche qui goutte goutte goutte… Tout le lit est défait, la mascarade des murs qui s’écroulent, creuser creuser les plâtres peinturlurés, faire éclater à la dyna, dynamite les fenêtres aux carreaux déjà brisés. Il n’y a plus rien, du vide et du néant. Il y a les chaises renversées, la banquette tissu tailladée, la moche musique du ron ron frigo que voilà.
Les paroles tombent à la renverse, les mots tels des éclaboussures criminelles, les coups de pied tibias, les doigts serres aux ailes atrophiées.
Toute la confiance a dé-grin-golé. Les marches escalier qui craquent et qui re-craquent. Plus le temps, plus le temps, la rampe de lancement est huilée de fiel et de bile, roulement à bille.
Je prends mon sac, cutter et pistolet. Je prends ma main, peau sèche et larme à l’œil. Le cerveau, cervelas fait pencher le corps, le cœur, lui, fait du trampoline jusqu’à s’éclater au plafond de la toile d’araignée, mygale et mante athée.
Que disait la bouche, le soir, dans le silence ?
Et les oreilles, et les oreilles… que comprenaient-elles ?
La tête frotte le lino aux zébrures en crevasses. La tête, le front, les cheveux linceul sur le lino. La sonnerie du hall est dé-glin-guée. La boîte aux lettres : béante. Espères-tu encore du courrier cet hiver? Ou préfères-tu… te taire ?
Le ventre grogne, je suis mille cavalcades. J’ai pris cutter et pistolet. Mélange d’identité et scalp à la balle biseautée. Ma chair, tu n’as qu’à bien te tenir, te faire oublier.
Ce soir, j’irai au « Totem ». Ce bar est moche mais il sait me ligoter. Les portes sont vivantes, elles claquent et re-claquent sous les apparences. Je parlerai aux reflets et il y aura des tubes au néon comme un essaim de frelons.
« Tu disais ? » me demandera le tabouret ensommeillé.
Je lui casserai les jambes. Il restera là, près de moi, inutile.
Sans fuite ni départ.
Son unique œil ouvert perdu dans la douleur.

Chloé Alifax.

2 commentaires:

  1. Je m'excuse auprès de chloé d'avoir commenté le mauvais texte. Ce n'est pas que je n'aime pas votre travail, au contraire, mais c'est que le texte de roxanne fait résonner des choses personnelles. Alors pour me faire pardonner je dis: Chloe you're the new salomé and you can ask for my head.

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