mardi 12 mai 2009

POURQUOI LA MORT EST SI PETITE ?


Demandait Liza, le nez en piqué sur son verre.
POURQUOI L’AMOUR EST IDIOT ET LA MORT SI PETITE ?
Continuait-elle à questionner tout en mordillant la paille torsade, torsadée.
Et Liza regardait en coin, et Liza faisait des grimaces pour la contenance, et Liza répétait :
LA MORT SI PETITE, L’AMOUR IDIOT, L’AMITIÉ DE MOITIÉ. POURQUOI ?

Liza avait connu des mains et des doigts, des grains de peau et des zieux qui dansaient,
de la soupe au vermicelle ainsi que des sexes tout trempés. Liza chantait le refrain, celui qui s’interroge, la musique tonitruante, les paroles qui s’envolent.

POURQUOI POURQUOI POURQUOI ? ? ? JE T’AIME DE TRAVERS ET JE T’ADORE EN SERPILLIÈRE. JE FAIS DES BONDS PUIS JE TOMBE À PLAT. ŒUF À LA COQUE OU BIEN POCHÉ. POURQUOI LA VIE CÔTOIE LA MORT ?

Liza buvait des sodas, des rouges des jaunes et des vert lézard,
elle s’installait au coin du comptoir, me voyait mais ne me voyait pas, elle disait parfois :

CHLOÉ, TU ESSUIES DES VERRES. CHLOÉ TU ES UNE CHANSON. CHLOÉ, ON TE SIFFLE DANS LES RUES. CHLOÉ, TU AS UN REGARD DE MANGEUSE DE DISQUES.

Et Liza replongeait dans sa soupière, son existence liquide et amère, sucrée ou acidulée.
Et Liza parlait des courants d’air, de la mer asséchée, de la roche, des falaises, du fait d’être mal à l’aise et de sautiller près du précipice.
Et Liza insistait :

MANGEUSE DE DISQUES !

Et Liza chantonnait :

« Le loup est dans la bergerie N’y faites pas attention Il n’y voit pas du tout la nuit Ce loup est un couillon Il ne mange que des orties Et ne joue pas à saute-mouton »

Je servais des sodas à Liza et ses questions.
Je ne servais aucune réponse à Liza sans horizon.

La mer, les roches, la tempête.
Liza avait des cheveux tranchants qui lui coupait l’espoir.
Liza comptoir 16 : 05 et Liza partie 19 : 21.
Les trains voyageaient au-delà de la gare
et Liza ne cessait de demander :

POURQUOI LA MORT EST SI PETITE, L’AMOUR IDIOT ET L’AMITIÉ DE MOITIÉ ? ? ?


Au trente-sixième dessous, Liza habitait.
Un jour, elle n’est plus jamais remontée.
J’essuie toujours, je continue
à essuyer des verres.

Ce loup est un couillon,
il se frotte aux orties
mais ne joue pas à saute-mouton.

Ce loup n’y voit pas du tout la nuit
et dort le jour.

L’abruti !

Chloé Alifax.

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