jeudi 15 octobre 2009

DOUZE BALLES

Hier, à treize heures, j’ai plastiqué tout un pan de mur. Il y avait un passage secret. Après l’explosion, il y avait un passage secret. Les cloisons du passage n’étaient pas humides, pas couvertes de moisissure. Non, c’étaient des cloisons toutes propres et ce passage… secret était accueillant, lumineux, blanc, si blanc. A un moment donné, je suis montée dans une petite barque et j’ai traversé à la rame, une rivière, un fleuve, des cascades, un océan, l’immensité. « C’est quoi ton problème avec la réalité ? » Je suis partie de mon appartement aux murs plastiqués, explosés, et j'ai vogué vogué en regardant droit devant, sur les côtés, en haut, le bout de mes pieds. Et…
« Il faut trois billes pour gagner un boulet, quatre bananes pour un chimpanzé, appuyer sur croix pour me faire parler, aiguiser les dents du peigne puis découper l’horizon. »
et je n’avais jamais vu une bicoque pareille ! Sur la rive, là-bas, sur la rive chocolat je n’avais jamais vu cette sorte de bicoque ! Des fleurs et des fleurs, des lianes et des dindons, une vieille femme et des tomates, j’ai dit : « Salut ! on mange ensemble ? » et la vieille femme n’avait qu’une moitié de visage, et la vieille femme a grimacé, et des hommes sont apparus sur la rive chocolat et la vieille moitié de visage m’a dit : « Je m’appelle Mata Hari et je vais me faire exécuter. On verra plus tard pour se remplir l’estomac, quand je serai toute trouée.»
- Ah, ah, ah ! (Elle a ri Mata) Ah, ah, ah !
Et les hommes armés l’ont ficelée à un poteau et la vieille femme moitié de visage a refusé un bandeau, et les hommes ont reculé de quelques pas, et la vieille femme attachée les a espionné, et j’ai murmuré « ouille ! » et la vieille femme a déclaré: « C’est la première fois que l’on m’aura pour douze balles. » et j’ai cueilli des tomates, ensuite, pour préparer le dîner.
Nous étions… le soir.

Chloé Alifax.

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