vendredi 10 juillet 2009

Carte postale n°2

La route n'était pas loin. Des fois on entendait passer en grondant un camion, comme un chef de harde, et dont on imaginait qu'il partait pour le levant et, qui sait, le Bosphore. Et quand il avait fini de faire vibrer le monde, revenus de leur effroi, les bruits de l'été recouvraient tout de leurs chuchotements. C'étaient des insectes tièdes, le vent chargé de l'odeur des hautes herbes, les grands arbres dont les feuilles héliotropes scintillaient dans la lumière, c'était un animal furtif, prédateur ou chassé, détalant derrière un talus. Les collines retentissaient de cris d'enfants qui, d'écho en écho, iraient bien jusqu'à la mer. Avec juillet le monde avait vingt ans et se haussait sur la pointe des pieds afin de se régaler de la vision d'un clocher planté dans le tendre vert de la vallée.

Denis Parent

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire